30 oct. 2009

Chine - Au moins 60 000 enfants disparus chaque année

Nouvelles du 23 octobre 2009: En Chine, 42 personnes arrêtées pour un trafic de bébés

La police chinoise a arrêté 42 membres présumés d'un réseau de trafic de bébés qui a vendu en Chine des dizaines d'enfants en bas âge volés ou achetés à leurs parents des régions rurales, ont rapporté les médias officiels vendredi.

Le réseau possédait des unités distinctes pour l'approvisionnement, le transport et la vente des bébés, rapporte l'agence Chine Nouvelle. En deux ans d'activité, il a vendu 52 enfants, 19 garçons et 33 filles, et gagné 400 000 yuans (env. 60 000$).

Selon Chine Nouvelle, le réseau opérait dans des zones rurales pauvres du nord du pays.

Le réseau a commencé faiblir après que la police ait arrêté trois hommes avec un bébé-garçon dans leur van, le 8 mai. L'enfant avait été rejeté par les parents potentiels et allait être retourné aux deux intermédiaires qui avaient procuré un total de 13 bébés pour le réseau. La police a arrêté les deux intermédiaires le 10 mai.

La police a également gelé plus de 800 000 yuans dans les comptes bancaires des suspects et confisqué deux vans.

Nouvelles du 29 octobre 2009 Les officiels chinois tentent de retrouver les parents de 60 enfants volés.

Autant que 60 000 enfants disparaissent chaque année



Ce sont les visages d'enfants enlevés qui ont été secourus par les forces de sécurité lors de mesures répressives contre le trafic d'enfants qui ont commencé en avril dernier. La police a attrapé quelques 2 008 enfants disparus dans leurs raids.

Les criminels les enfants et les vendent à des couples sans enfant.

Jusqu'à présent, ils ont pu retourner beaucoup d'entre eux à des familles folles d'inquiétude à travers le pays. Les 60 visages sont une première tentative publique pour identifier le reste.

Les policiers espèrent que leurs parents seront en mesure de les identifier maintenant, même si dans de nombreux cas, plusieurs années se sont écoulées depuis qu'ils ont vu leurs enfants la dernière fois.

Selon le ministère, il y a 30 000 à 60 000 enfants portés disparus chaque année en Chine. Mais les gens qui sont impliqués dans la recherche de ces enfants disent que le nombre est plus proche de 200 000.

Beaucoup, sinon la plupart des cas ne sont pas officiellement répertoriés parce que la police locale ne veut pas ou n'est pas en mesure d'enquêter sur les crimes qui impliquent généralement de traverser des frontières provinciales. En outre, de nombreux parents pensent que la police pourrait être complice des enlèvements. Il s'agit d'une activité lucrative qui apporte environ 4000$ pour chaque garçon vendu et environ 1000$ par fille.

Les enfants enlevés sont le plus souvent des garçons et sont vendus à des familles qui souhaitent avoir un fils. Les filles sont souvent vendues pour le mariage ou à des agences qui organisent des adoptions à l'étranger.

Sources:

Police arrest suspected child traffickers in N China (Window of China, 23 octobre 2009)

42 arrested in China baby trafficking case (AP, 23 octobre 2009)

Chinese officials try to find parents of 60 lost children (CNN, 29 octobre 2009)

Chinese crackdown nets thousands of 'stolen' children (Ottawa Citizens, 29 octobre 2009)

China rescues kidnapped children (BBC News, 29 octobre 2009)

29 oct. 2009

Trafic de bébés en Bulgarie

Nouvelles du 7 octobre 2009. Trois Bulgares arrêtés en Grèce pour la vente d'un nouveau-né pour 13 000€.

Trois ressortissants bulgares, un homme et deux femmes, dont l'une est la mère du bébé, ont été arrêtés par la police grecque alors qu'il tentait de vendre un bébé de deux mois pour 13 000€ à des policiers en civil qui se sont présentés comme des acheteurs de la ville de Katerini dans le nord de la Grèce.

Nouvelles du 22 octobre 2009. La police bulgare a démantelé un réseau qui vendait des nouveaux-nés en Grèce: deux personnes arrêtées.

Un Bulgare et son épouse ont été arrêtés pour avoir trafiqué des femmes enceintes afin de vendre leurs bébés. Les femmes enceintes étaient transportées aux hôpitaux de la Grèce où elles recevaient une aide financière du couple. Après la naissance des bébés, des noms fictifs étaient inventés pour les pères, et ils étaient vendus à des candidats à l'adoption. Les organisateurs du trafic des femmes enceintes étaient payés entre 5000 et 10 000€ en Grèce pour les bébés. Chaque mère recevait environ 5000€.

Une série de réseaux de trafiquants d'enfants ont été découverts par la police en Bulgarie ces dernières années.

Le 17 juin, les autorités avaient démantelé un réseau similaire. Trois Bulgares, dont deux avocats, ont alors été appréhendés et accusés de trafic d'enfants. Ils étaient impliqués dans la contrebande de 16 nouveau-nés, dont 13 ont été convoyés à des couples grecs. Les trois autres ont été envoyés à des parents bulgares. Apparemment, les avocats avaient réussi à convaincre les femmes enceintes de vendre leurs bébés pour entre 3000 et 5000 leva avant de les vendre à des couples grecs pour autant que 40 000€ par enfant.

Sources:

Three Bulgarians arrested in Greece for selling newborn for 13 000 euro (Sofia Echo, 7 octobre 2009)

Bulgaria police bust sale of newborn babies in Greece (M&C, 22 octobre 2009)

Two Bulgarians Arrested over Greece Newborn Baby Trade (Novinite, 22 octobre 2009)

Bulgaria arrests 'baby smugglers' (BBC News, 22 octobre 2009)

Bulgarian baby-trafficking ring broken up (Khaleej Times, 22 octobre 2009)

27 oct. 2009

Les Marchands de bébés

Ce qui semblait être une garderie de bébés était un centre de stockage, de traitement et d'expédition pour les bébés philippins. Obtenus par la contrainte ou achetés auprès de leurs mères, ces bébés étaient illégalement transférés à Singapour par les Singapouriens, puis vendus internationalement.

Lorsque des policiers sont entrés dans une maison de Jala Jala, Rizal, au sud de Manille, dans la nuit du 15 décembre 2008, ils avaient un mandat d'arrestation contre un suspect accusé d'avoir utilisé des chèques sans provision.

Ils ont trouvé une pièce remplie de nouveaux-nés pleurant et roucoulant.

Il y avait neuf bébés, chacun blotti dans un berceau avec des jouets en peluche pour porter compagnie. Chaque crèche avait un nom dessus. La chambre avait l'apparence d'une garderie lumineuse et gaie. Il n'y avait pas de parents; à la place, il y avait 11 adultes incluant sept bonnes d'enfants ainsi qu'une Singapourienne. Ce n'était pas un orphelinat, mais ils ne possédaient aucun papier pour expliquer la présence des bébés.

En creusant davantage sur les origines des bébés, le Département des affaires sociales et du développement (DASD) a réalisé que la police pouvait être tombé sur un réseau international de trafics de bébés opérant sous leur nez depuis 2006.

Le réseau pourrait s'avérer être le plus grand et le seul cas de trafic de bébés hautement organisé et systématique . Cela montre combien il est facile de faire passer les bébés clandestinement en dehors du pays.

Les opérateurs exploitaient l'angoisse des femmes, achetant leurs bébés non désirés de 2000PHP à 7000PHP chacun, certains encore dans le ventre de leurs mères. Les bébés étaient d'abord stockés dans un endroit dans la ville Pililla et plus tard dans le voisinage de Jala Jala.

L'exploitation dans la ville Pililla était ostensiblement un orphelinat appelé Hope for the Homeless Angels. Elle avait été enregistrée avec le gouvernement Pililla mais jamais enregistrée avec le DASD, ni à la Commission des échanges et de la sécurité, tel que requis par la loi.

Les autorités croient que alors que les bébés étaient à Pililla puis transférés plus tard à Jala Jala, ils étaient engraissés, vaccinés, et munis d'authentiques ou faux certificats de naissance, puis transférés à une agence commerciale d'adoption à Singapour détenue par Irene Low Ai Lian, qui a été prise en flagrant délit avec les bébés dans ce raid en décembre.

Si la police n'avait pas trouvé les neuf bébés, deux auraient tout simplement disparu de Manille, emportés comme des bagages à main pour le 22 décembre 2009, selon un horaire collé au mur de la chambre des bébés. Selon le même horaire, deux autres bébés ont été emportés hors de Manille plus tôt, le 6 décembre.

Les autorités tentent maintenant de retracer jusqu'à 30 bébés qui ont été traités et expédiés de cette manière à partir de 2006.

Cependant, un certain nombre de bébés n'auraient pas été jusqu'à l'aéroport. "On m'a dit que des bébés sont morts sur eux dans leur emplacement précédent à Pililla qu'ils appelaient Hope for the Homeless Angels", a affirmé Voltaire Gellido, un des co-accusés de Low. Gellido a été inclus dans l'acte d'accusation car il possède la maison de Jala Jala où les bébés ont été découverts et il était le sujet initial de la chasse à l'homme par la police.

Gellido, un ancien maire de Jala Jala, a affirmé dans une interview exclusive que Low avait décidé de louer sa résidence de Jala Jala afin de sortir tous les bébés de Pililla parce que trois d'entre eux avaient failli mourir d'une pneumonie. Elle référait l'ancien site, situé dans une zone de squatter, "d'endroit négligé".

Les bébés qui n'ont pas atteint Singapour auraient fini à l'agence de Low basée à Singapour, où ils ont été remis à des étrangers qui avaient payé chacun une "des frais de traitement" d'au moins 600 000PHP (12 500$US) par enfant. Sur demande, cependant, ces frais pouvaient être réduits ou payés en plusieurs versements, sans intérêt.

Singapour est un lieu de transit, d'où de nombreux bébés finissent par se trouver ailleurs comme l'Australie ou l'Allemagne.

Irine Low Ai Lianm et sa passion des bébés


Singapouréenne de 51 ans, avec sa stature mince et ses cheveux en chignon, habillée conservativement, Irene Low Ai Lianm était une image de sincérité déconcertante. Elle a dit qu'elle assumait les coûts de l'orphelinat de bonne foi.

"J'aime les bébés", a-t-elle déclaré. Elle a refusé de donner toute déclaration, écrite ou verbale, au poste de police, mais elle a donnée des interviews aux médias.

Elle nie tout crime dans cette affaire. Elle dit qu'elle n'était qu'une simple visiteuse et une donatrice de l'orphelinat à Jala Jala; elle était une âme charitable, innocente et crédule, qui s'est fait arnaquer à donner de grandes sommes à ce qu'elle a réalisé avec retard, être une combine (Strait Times). Elle se trouvait au mauvais moment, au mauvais endroit (AsiaOne).

Depuis son arrestation en décembre dernier, les responsables DASD ont essayé de trouver un lien entre son agence d'adoption commerciale Fox Family à Singapour et les bébés retrouvés à l'extérieur de Manille.

L'avocat Escutin Newsbreak dit qu'elle est tombée sur un lien précis tout en surfant sur le site officiel de Fox Family. Mais le site a disparu et a été remplacé par un signe "en cours de rénovation". Elle ne pouvait plus y accéder, dit-elle. Elle dit que sa découverte est très révélatrice.

Newsbreak a réussi à récupérer des parties du site Fox Family et les numéros de téléphone.
Irene Low a personnellement répondu à l'un des numéros affichés sur l'Internet.

Newwbreak lui a demandé si elle trouvait les bébés à Pililla ou à Jala Jala. Elle a catégoriquement nié cela.

Sa dénégation contredit la déclaration liminaire affichée sur le site web de son agence qui dit: "Fox Family Services Adoption Centre a été établie principalement pour trouver de bonnes familles pour les bébés non désirés et abandonnés et les jeunes enfants aux Philippines et ailleurs, et pour vous aider à trouver un enfant."

Lorsque Newsbreak lui a fait la remarque, elle a répondu: "Eh bien, ce n'est pas seulement aux Philippines. Aux Philippines essentiellement, en fait, je travaille avec le DASD. " Mais elle n'a pas répondu avec quel officiel du DASD.

Ordonnée par Dieu

Irene Low Ai Lian a déclaré qu'elle a été ordonnée par Dieu pour sauver des bébés philippins non désirés. "Je crois au Seigneur Jésus. Le chemin de ma vie a été conçu par lui", avait-elle affiché l'an dernier sur le site de Fox Family Services Adoption Centre, son agence commerciale d'adoption à Singapour.

"Je ne sais pas ce que c'est et où ça mène, mais je suis ici en tant que ... facilitateur pour ceux qui cherchent désespérément à adopter un enfant. Mes honoraires sont un peu élevés mais mes intentions sont bonnes."

Au début de l'année dernière, Low avait particulièrement du mal à rassurer les clients qu'elle obtenait les bébés en toute légalité. Son nouveau message très personnele du Nouvel An 2008, était: "Je fais de mon mieux pour donner le meilleur de ce que je peux, même en obtenant des certifications valides des Affaires sociales afin de vérifier que les enfants en adoption ne sont pas victimes de la traite ou qu'ils n'ont pas été acheté." Elle déclarait qu'ils avaient été cédés par leurs mères au Département des affaires sociales et du Développement parce qu'elles étaient trop pauvres pour les élever.

La réalité est plutôt différente, selon Maura de la Rosa, chef des opérations du DASD pour la région 4A qui supervise Jala Jala et Pililla, aucun des bébés n'avait été obtenu du DASD. Les bébés venaient tous d'une certaine Maria Lourdes Malou "Malou" M. Martinez, l'agente de la protection sociale de la municipalité Pililla. Étonnamment, De la Rosa connaissait Martinez. Ils voyaient Malou lors des séminaires séminaires qu'ils menaient, mais elle n'a jamais éveillé de soupçons. Martinez n'a jamais été avec le DASD. Low n'a jamais transigé avec le DASD, seule Martinez l'a fait.

On a tenté de retrouver les parents des neuf bébés que la police a retrouvés en décembre dernier. On n'a pas les retracer pour quatre bébés puisqu'ils n'avaient pas de certificats de naissance. Deux avaient des certificats authentiques, mais avec des fausses mères, ce qui est un délit punissable. Seulement trois avaient des certificats authentiques avec des mères réelles.

"Certains parents ont effectivement reconnu avoir vendu leurs enfants", a déclaré Escutin ajoutant. "si vous vérifiez les certificats de naissance, ils étaient vraiment non désirés - nés hors mariage, de relations adultères, ou de mères mineures."

Cependant, sur le site web de Fox Family, Low a clairement indiqué qu'elle savait que c'était mal pour les mères de vendre leurs bébés: "Il est illégal de recevoir ou de demander un paiement en argent, en échange de renonciation de votre enfant pour l'adoption, sauf si le paiement est approuvé par le tribunal."

Escutin a constaté que non seulement les bébés ont été échangés contre de l'argent, certains des (vrais) parents ont aussi reçu un certain type de travail à l'étranger. On leur offrait d'amener leur enfant avec eux (à Singapour). "Le stratagème exploitait les directives modifiées du DASD permettant aux parents d'amener leurs enfants à l'étranger sans autorisation préalable de DASD.

Cette découverte étonnante faite par le DASD, que les mères (à la fois authentiquess et fausses) sont utilisé pour passer illégalement des bébés à l'étranger au lieu des drogues, est en quelque sorte confirmée par Low, elle-même dans son message du Nouvel An 2008 publié sur le site Fox Family: "À part de m'occuper de l'agence d'adoption, je cherche également à obtenir pour les gardiennes des emplois à Singapour comme bonnes! Je ne charge même pas un cent supplémentaire, je demande seulement de me rembourser le billet d'avion... J'ai réussi à placer environ quatre gardiennes dans un emploi à Singapour!"

Low était-elle consciente qu'elle enfreignait la législation philippine sur l'adoption et le trafic d'enfants?

Sur le site web de sa compagnie, elle affirmait se conformait aux lois et règlements du pays hôte et de Singapour. "Nous nous conformons aux lois et règlements du pays hôte et à Singapour." Le pays hôte se réfère aux Philippines d'où les bébés provenaient.

Dans un interview avec Newsbreak, elle a déclaré qu'elle travaillait avec le DASD.

Si elle avait travaillé avec le DASD, elle aurait été informée que Fox Family violait à maintes reprises la législation philippine. Une page sur le site de son agence, deux des bébés, Jethro et Agatha, étaient décrits comme étant des nouveaux-nés, tandis que deux autres, Santy et Eric, avaient quatre mois.

C'est une violation de la loi d'adoption nationale. Un article interdit les mères de placer en adoption les bébés de moins de six mois afin de s'assurer aux parents qu'ils ne prennent pas de décision précipitée.

À la question "Comment obtenons-nous les bébés" affichée sur son site sous la section "Questions fréquemment posées", la réponse était: "La mère biologique remet son enfant (né ou à naître) à l'aide sociale ou à un hôpital. L'assistance sociale nous contacte pour faciliter l'adoption".

De la Rosa, dont le bureau couvre Jala Jala, a déclaré que le DASD n'a jamais contacté Fox Family, et Fox Family ne l'a jamais contacté.

D'ailleurs, le consentement d'une mère pour adoption à l'étranger ne peut être obtenue qu'après la naissance de l'enfant, selon la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale, que Manille a signé.

Les adoptions légales doivent se faire par l'intermédiaire du gouvernement philippin et coûtent au moins 3 200$US en traitement et autres frais, selon l'Inter-Country Adoption Board (ICAB), l'agence d'État qui autorisent toutes les adoptions étrangères et accréditent toutes les agences d'adoption étrangères.

L'agence d'adoption de Low à Singapour, Family Services Pte. Ltd., n'est pas dans le registre de ICAB et n'est donc pas autorisée à faciliter les adoptions étrangères des enfants philippins.

Low a dit à Newsbreak "qu'il il n'est pas nécessaire" pour toute agence d'adoption de Singapour d'être accréditée par le gouvernement philippin ou par tout autre gouvernement.

Fox Family chargeait 12 500$US pour une adoption.

"Tous les frais sont pour aider l'assistance sociale aux Philippines et ailleurs, et pour couvrir nos frais généraux à Singapour", indiquait le site. La déclaration montrait une reconnaissance claire d'un lien entre son agence d'adoption et l'orphelinat philippin à Pililla appelé Home for the Homeless Angels.

En réalité, l'orphelinat était aussi connu sous un autre nom, Fox Children's Home, selon Low elle-même. Low a dit New Paper de Singapour que c'était juste une coïncidence si son agence d'adoption (à Singapour) et l'orphelinat portaient le même nom.

Elle a également dit à New Paper que sa participation à l'orphelinat philippin n'a commencé qu'en janvier 2008. Étant elle-même mère de deux enfants adoptés, elle a donné environ 8800 dollars singapouréens (300000php) et qu'elle ne l'avait visité que cinq fois, pour des raisons humanitaires.

L'histoire d'Agatha

Low a indirectement confirmé à Newsbreak qu'elle obtenait les bébés de Pililla, Rizal.

L'ont aussi confirmé trois parents adoptifs sur le site web singaporemotherhood.com qui contient un forum animé par des parents adoptifs et des parents adoptifs potentiels. Les discussions se sont échauffées tôt l'année dernière sur un sujet particulier: Irene Low et son agence d'adoption Fox Family.

Dans le forum, les membres Tracey Escalante et Chelah Ann ont fustigé un autre membre nommé Chris(Crany) pour avoir dénigré Low à propos de son adoption échouée d'un bébé nommé Agatha. L'agence de Low avait du mal à faire passer Agatha aux services d'immigration, alors que Chris avait déjà payé pour le bébé et s'était rendu aux Philippines pour prendre Agatha dans ses bras.

Mais Chelah Ann a défendu Low en disant: "Je connais Irene personnellement... c'est une enfant adoptée elle-même. Elle a parti une maison aux Philippines et prend des enfants abandonnés, des aides pour s'occuper d'eux 7 jours par semaine 24 heures par jour.. Tous les sous proviennent de sa poche. Elle ne prend pas de salaire".

Elle dit aussi qu'elle a été témoin de tout cela lorsqu'elle s'est rendu aux Philippines avec Low: "J'ai vu les aide-soignants et les enfants au foyer. Je l'ai suivie alors qu'elle voyageait des heures dans les villages reculés pour rencontrer des parents biologiques. Il y a beaucoup de bonnes œuvres qu'elle a fait sans bruit derrière la scène."

Low est aussi très méticuleuse au sujet de ses clients et rejette ceux qui "ne sont pas en mesure d'offrir aux enfants un environnement sécurisé et aimant", dit-elle.

Tracey Escalante a également défendu Low, traitant Chris de "idiot". Elle a dit qu'elle et son mari ont adopté trois enfants par Fox Family. "Et je crois que la petite fille que nous avons reçu doit être celui que Chris (Crany) a décidé de ne pas adopter.

Elle a demandé aux autres membres de comprendre combien il était difficile pour Low de traiter les adoptions en provenance des Philippines. Les Philippines est un pays extrêmement pauvre, en particulier dans les montagnes d'où les bébés provenaient. J'ai dû avoir de la patience, comme tout le monde, quand l'adoption est en cours. Mais je peux dire personnellement, les Philippines ne fonctionnent pas comme la plupart des pays. Ils procèdent à leur propre rythme et nul ne peut exiger plus d'eux."

Mais Chris a dit: "Vous n'avez évidemment aucune idée de ce que ma femme et moi avons traversé... J'ai coupé court mon voyage aux États-Unis et ma femme et moi sommes envolés vers les Philippines." Ils ont visité la maison où Agatha était. "Nous avons passé beaucoup de temps avec Agatha... nous sommes allés à la maison au moins 2 ou 3 fois. Nous avons acheté des trucs pour la maison, des vêtements, des couches et un ventilateur parce qu'ils étaient vraiment en manque. Nous avons tout vu."

"Elle (Low) avait promis d'emmener notre bébé vers 15 feb 2007, à temps pour Nouvel An chinois mais voilà, ils ont réalisé que la mère d'accueil n'avait pas les documents requis, ce qui a entraîné des retards!", a dit Chris.

L'adoption a échoué. Bien qu'il ait finalement obtenu un bébé d'une autre agence, Chris s'est plaint que des agences d'adoption commerciales "semblent augmenter leur coût pour aucune raison particulière."

Il a également accusé les femmes de colporter les bébés au om de Low. Cette utilisation inhabituelle de plan de commercialisation à plusieurs niveaux, dans ce cas en utilisant les parents adoptifs à chercher des affaires potentielles, a également été mentionnée par Low dans le site web de Fox Family.

(Voir le débat enflammé sur le forum).

Newsbreak a demandé à Low si elle avait déjè eu un client nommé Chris qui est allé à Pililla pour tenter d'adopter un bébé nommé Agatha par son agence. Elle a confirmé que "il est allé à mon agence et il est allé aussi seul, je pense. Je ne suis pas sûr."

Partenaire local de Irena Low

Dans le même forum, Tracey Escalante a dit avoir personnellement rencontré et parlé avec une travailleuse sociale.

La seule travailleus sociaule impliquée dans les opérations de Low était Maria Lourdes "Malou" Martinez, responsable des services sociaux embauchés par la mairie de Pililla.

Après son arrestation, Low a prétendu qu'elle a été trompée par Martinez, sa co-accusée.

Martinez "en savait assez pour savoir comment manipuler le système", selon Amihan Abueva, coordonnateur national de Asia Acts, une ONG luttant contre la traite des enfants.

Newsbreak a vu l'un des exemplaires de "certification" signée par Martinez. Datée du 7 août 2008, elle déclare qu'un certain bébé était «volontairement cédée» par la mère. Elle déclare que pendant que le bébé était en attente de licence d'accueil qui était "en cours" à la DASD, "le bébé est abrité à Hope for the Homeless Angels, qui est sous ma supervision ave la coordination de DASD."

Selon Escutin, de telles certifications ont probablement été utilisées pour tromper les autorités de Singapour en leur faisant croire que le bébé avait passé des processus juridiques de Philippines.

DASD a trouvé que Martinez avait déposé au moins deux demandes auprès d'eux pour les autorisations de voyage, qui sont nécessaires chaque fois qu'un enfant n'est pas accompagné par un parent. Martinez est aussi l'une des personnes qui a voyagé constaemment à Singapour.

Abueva a noté que "elle savait qu'il était possible d'obtenir les autorisations de voyage des autres régions, même si vous n'appartenez pas à cette région."

Un associé traître vend la mèche

Un autre co-accusés dans cette affaire a soutenu les affirmations d'Escutin. Gellido, le propriétaire de la maison à Jala Jala, a déclaré à Newsbreak que Martinez elle-même lui a dit qu'elle arrangeait des adoptions à l'étranger pour Low. Elle s'était vanté à lui qu'elle allait dans différents pays pour interviewer des parents d'accueil.

Puis Malou l'a présente est Low qui cherchait 1 000 hectares dans Jala Jala pour planter pour le jatropha.

Étant dans une entreprise des biens immobiliers, Gellido a fait vister Low et l'a amenée à déjeuner dans sa maison de Jala Jala. Quand elle a appris qu'il ne vivait plus là, elle a demandé à le louer comme foyer d'accueil. Elle s'est plaint que le foyer d'accueil à Pililla qu'elle entretenait était un "endroit négligé", dans un quartier de squatters.

Il dit avoir accepté parce qu'il s'attendait à ce qu'elle loue la plantation de jatropha par son intermédiaire. Il était également impatient de rencontrer le mari de Low, l'Australien Robert Fox, qui voulait trouver un acheteur local pour son approvisionnement en pétrole brut à bon marché.

Il a montré à Newsbreak le bail de cinq ans que Low a signé pour son domicile, à 10000php par mois à partir du 1er décembre 2008, ou deux semaines avant le raid.

Il a stipulé dans le contrat que cela serait utilisé "dans le seul but de placer et de prendre soin des bébés abandonnés venant de différents DASD dans les Philippines.

Il a déclaré que ce n'est que plus tard qu'il a découvert que l'orphelinat de Pililla dirigé par Martinez et Low n'était pas enregistré au DASD et donc était illégal. Il a également découvert que Martinez surchargeait Low la faisant payer 10000PHP par certificat de naissance et passeport, alors que ceux-ci devraient coûter seulement 140PHP et moins de 1000 pesos respectivement. À cause de ce qu'il a dit à Low, celle-ci a commencé à vérifier les dépenses de Martinez. Et quand Martinez à dit à Low que le gouvernement municipal de Pililla exigeait une caution de peso pour l'orphelinat Pililla, Gellido a exposé le mensonge.

Il a également affirmé qu'il tentait d'aider Low à corriger la situation en enregistrant pour elle, le 3 Décembre, 2008 (12 jours avant le raid), auprès de la Commission des échange et sécurités (SEC), en tant que nouvelle fondation caritative appelée Jala Jala Home for the Needy Angels, Inc.

"J'ai dit à Irene, je ne suis pas dans le business de l'orphelinat, donc vous aurez encore à gérer cela", a-t-il dit.

Newsbreak a trouvé les papiers d'enregistrement à la SEC. Low est à la tête de la liste des fondateurs, le nom Gellido fait suite en tant que trésorier. Mais le nom de Martinez est introuvable. La maison de Gellido qui a fait l'objet de la descente policière è Jala Jala est l'adresse de l'entreprise.

Parmi ses fonctions, il doit apparier les enfants abandonnés avec des parents adoptifs. Son capital de départ est 2500 PHP mais il peut solliciter des dons.

Une directive de Alicia Bonoan directrice de DASD est agrafée aux papiers, informant la SEC que la maison ne devrait fonctionner à moins qu'elle soit au préalable enregistrée auprès du DASD.

À cause des révélations de Gellido au sujet de Martinez, Low s'est rendue à Manille le 23 décembre. "Elle était étonnée d'apprendre. Pendant deux ans, elle pensait qu'elle parlait à des gens honorables des Philippines", a-t-il dit.

Il croit que Martinez alerté la police au sujet des bébés dans sa maison parce que l'affaire de ses chèques de million de pesos sans provision avait été résolue depuis longtemps. "Je soupçonne c'était Malou parce qu'elle avait perdu sa vache à lait."

Étonnamment, Low a choisi de mettre aussi Gellido de côté. Elle a déclaré au journal New Paper que tout était une idée Gellido: "Il y a trois mois (en septembre 2008 et non en novembre comme Gellido a affirmé), le Département philippin des affaires sociales et de développement m'a présenté à M. Gellido, qui est un ancien maire de Jala Jala. Il a dit qu'il voulait faire construire une maison pour les bébés qui étaient abandonné;es pour l'adoption. Il m'a demandé d'aider à financer le projet et j'ai accepté.

La comédie des erreurs

Ce qui est arrivé après la nuit du 15 décembre 2008 (où la police a trouvé 11 adultes en possession de 9 bébés) semble être une comédie d'erreurs qui pourraient affaiblir tout cas déposé pour trafic d'enfants.

Le procureur Edgardo Bautista de la province de Rizal a dit à Newsbreak, le 11 mai, qu'il pensait rejeter l'affaire parce que la charge n'étais pas bonne, les arrestations étaient illégales et l'orphelinat avait un permis pour opérer.

Il a dit que sa résolution non signée était maintenant avec le secrétaire à la justice, Raul Gonzalez.

Dans un interview, Gonzalez a déclaré: "J'ai été informé par le procureur que l'affaire était rejetée parce qu'il n'y avait pas de preuves, (et) que ce groupe travaillant pour une ONG à l'étranger qui prend soin des enfants abandonnés. Il y a même des déclarations de certains des parents qu'ils ne peuvent plus prendre soin des enfants".

Au début, l'inspecteur en chef Malaybalay soupçonnait que ceux qu'il avait arrêtés avaient commis un crime capital, non éligible à la caution, de syndicat de trafic d'enfants. Mais quand est venu le moment de les inculper, il a consulté une loi vieille de 25 années qui permettait àceux qu'il avait arrêtés de déposer une caution une semaine plus tard.

S'ils étaient reconnus coupables, leur peine serait une simple gifle sur le poignet - un mois de prison et une amende 200 pesos - pour le crime d'avoir exploité 'un orphelinat sans permis en vertu du décret présidentiel Ferdinand Marcos '603 de 1974.

L'avocate Sally Escutin, chef du service juridique du Département des affaires sociales et du développement (DASD), a déclaré à Newsbreak qu'elle était consterné quand elle a lu l'accusation. Surtout que le secrétaire de DASD, Esperanza Cabral, avait émis "un avertissement très fort à tous ceux qui se livrent ou envisagent de s'engager dans la traite des personnes... ils seront traités en conséquence, avec toute la force de la loi".

"Pourquoi les policiers font usage de cette lo au lieu des lois plus récentes et plus sévères?", a-t-elle demandé.

Explication Malaybalay à Newsbreak: L'accusation a été recommandée par Mme Virginia Arinasa du DSWD Région 4-1 lors d'une conférence de cas le 17 décembre. Puisqu'elle était le chef de DASD, ils l'ont suivie. Quand il lui a demandé quel genre d'accusation déposer contre Irene Low, elle lui a répondu:" PD 603 na lang '(Utilisons seulement PD 603).

Escutin a dit qu'elle examinerait pourquoi Arinasa a donné un tel conseil. il se pourrait que les éléments de trafic, tels que l'achat des bébés des mères, ne n'étaient pas évidents alors. "Il faut du temps obtenir les preuves."

Escutin a ajouté qu'ils ont essayé de corriger l'erreur par le dépôt d'une plainte modifiée à l'aide de "Republic Act 9208 (Anti-Trafficking in Persons Act of 2003) en relation RA 7610 (Anti-Child abuse law)."

Mais même l'accusation modifiée se rendrait pas au tribunal, selon Amihan Abueva, coordonnateur national des actes d'Asie, une ONG qui surveille la traite des enfants.

C'est Abueva qui le premier a attiré l'attention sur la seconde erreur par Ana Bueno, recherchiste à Newsbreak. RA 9208 était encore une mauvaise loi pour accuser Irene Low. Avec RA 9208, on doit prouver que "le but de l'adoption est à des fins d'exploitation. Il est très difficile de prouver cela à ce point parce que les enfants sont encore des bébés."

La loi la plus pertinente à utiliser serait RA 7610 - la première loi philippine définissant le trafic d'enfants comme un crime. Il définit un trafiquant d'enfants comme "toute personne qui s'engagerait dans les échanges et transactions d'enfants y compris, mais sans s'y limiter, l'achat et la vente d'un enfant pour de l'argent, ou pour toute autre considération, ou le troc." C'est un crime capital lorsque la victime a moins de 12 ans.

La falsification de certificats de naissance est également considérée comme une tentative de commettre le trafic d'enfants.

"Nous avons beaucoup de lois sur les enfants mais jusqu'à présent, nous sommes encore en train de former des personnes (du gouvernement) à utiliser les différentes lois ... et ça prend du temps", dit-elle.

Quatre lois

Après analyse, Newsbreak a constaté que les Philippines ont quatre lois définissant et sanctionnant le trafic d'enfants:
Excepté pour RA 9208 , les trois lois précédentes ont des sections que Low et ses co-accusés pourraient à avoir violé. RA 9208 ne s'appliquerait pas dans ce cas parce que les enfants adoptés n'ont pas été utilisés à des fins illégales comme la prostitution, le travail des enfants et autres actes illégaux.

Fait intéressant, un livre anti-traite distribué à tous les commissariats de police et financé par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) discute seulement et fournit le texte intégral de la RA 9208, négligeant totalement les trois autres lois qui définissent la traite des enfants dans le contexte des adoptions illégales.

Le procureur Bautista a indiqué qu'il pensait recommander le dépôt de nouvelles accusations utilisant RA 7610 et RA 8043.

Dans le RA 8043, toutes les adoptions étrangères qui ne sont pas autorisées par l'Inter-Country Adoption Board sont considérées comme un syndicat de trafic d'enfants, si elles sont entreprises par au moins trois personnes et impliquent au moins deux enfants.

Il a toutefois concédé que sa résolution encore non signée peuvait affecter tout nouveau cas si Gonzalez l'appuie aussi. Dans cette résolution, Bautista a déclaré que les arrestations étaient illégales parce que le mandat utilisé par la police était pour une autre affaire et il n'y avait pas de mandat pour la saisie des bébés.

De plus, l'établissement avait un permis d'exploitation au moment de l'arrestation. Il a dit que le thème principal de sa résolution tournait autour de la question, "Pourquoi punir des personnes alors qu'elles aident d'autre personnes?"

Escutin du DASD a concédé Low pourrait avoir fait du bien et pourrait avoir placé des bébés philippins non désirés dans des foyers aimants. Mais elle a demandé pourquoi Low chargeait-elle tellement pour ses services et pourquoi le faisait-elle derrière le dos du gouvernement.

Elle a également dit que les bébés sont retrouvés ne seraient pas nécessairement retirés de leurs parents adoptifs, mais pourraient être "retraités" par le gouvernement philippin pour légaliser leur statut s'il est constaté que les parents prenaient bien soin d'eux.

Sources:

The Baby Merchants – Part 1 (Newsbreak, 1 juin 2009).

The Baby Merchants – Part 2 (ABS-CBN, 3 juin 2009).

The Baby Merchants - Part 3 (Newsbreak, 3 juin 2009).

Facing prosecution (Straits Times, 19 décembre 2008).

S'porean adoption agency owner accused of baby-trafficking (Asia One, 21 décembre 2008).

25 oct. 2009

Le robinhoodisme inverse: oppposer les pauvres contre les femmes riches

Un article qui, en décrivant l'industrie de l'adoption à l'intérieur des États-Unis, décrit aussi l'industrie l'adoption internationale.

Version originale Reverse Robinhoodism: Pitting Poor Against Affluent Women in the Adoption Industry dans Conducive, octobre-novembre 2009.

«Ce sont les États pauvres qui produisent les enfants et les riches qui les consomment. Dans ce processus, les parents pauvres sont laissés pour compte, servant seulement qu'en tant que productrices initiales des enfants des autres.» Debora L. Spar, Harvard School of Business (2006)

L'adoption regorge de mythes romancés gagnant-gagnant, mais la réalité est qu'au niveau national, ainsi qu'au niveau niveau international, l'adoption est «un business de recherche d'enfants pour les clients», en grande partie non réglementée, de plusieurs milliards de dollars (6,3$ à travers le monde; 2-3$ aux États-Unis par an) . Pour répondre à la demande, les praticiens de l'adoption utilisent fréquemment des tactiques quasi-légales et contraires à l'éthique, pour se procurer les bébés des mères économiquement défavorisées. Les tactiques vont de l'enlèvement pur et simple à du «counseling» plus subtile mais efficace qui renforce le mythe selon lequel le seul moyen d'être une bonne mère pour une mère célibataire moins prospère, est de donner son enfant à une famille plus aisée. L'adoption qui, au cours des trois dernières décennies a redistribué plus d'un quart de million d'enfants du monde aux États-Unis, est une composante intégrale et une manifestation de la violence globale envers les femmes.

«Penser à l'adoption sur le plan économique est une réalité inconfortable», a conclu une conférence de l'Institut d'adoption Evan B. Donaldson Adoption sur «Le 'Business' d'adoption». La Conférence a reconnu, cependant, «la détérioration des contraintes mises en place pour protéger les membres de la triade [de l'adoption]», dont les mères qui abandonnent sont les plus vulnérables, les plus réduites au silence et stigmatisées des participants.

Transférer les enfants des pauvres aux riches

L'adoption, profondément imprégnée de classicisme, transfère presque toujours des enfants des mères économiquement à risque aux adoptants de statut socio-économique plus élevé. Dans le monde entier, la pauvreté dépasse de loin l'abus, la négligence ou l'abandon comme raison de renonciation pour l'adoption.

Riitta Högbacka de l'Université de Helsinki, Finlande (2006) a rapporté: «Si on regarde le sens de ce flux humain — quels sont les pays qui envoient les enfants, quels sont les pays qui les reçoivent et qui fait les adoptions, alors c'est très clair. Cela va du sud vers le nord et de l'est vers l'ouest. Les bénéficiaires sont toujours les pays les plus riches en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.»

Les finances sont aussi la raison première pour laquelle les mères américaines abandonnent des enfants en adoption. Reuben Pannor, auteur, chercheur, enseignant, et ancien directeur de l'agence d'adoption Vista Del Mar, en Californie, a déclaré: «La plupart des nourrissons placés en adoption sont issus de familles pauvres.... C'est un triste commentaire sur le pays le plus riche et le plus puissant au monde. Même les couples mariés pauvres renoncent à leurs enfants.»

Il n'est donc pas étonnant que, alors que la crise économique continue et de nombreuses familles luttent pour survivre, un nombre croissant de mères américaines abandonnent leurs enfants. Mettant un visage sur cette tragédie, l'article de couverture de USA Today, du 18 mai 2009, parle de Renee, 36 ans, mère de trois adolescents qui gagne 50000$ par année. Renee a renoncé à son quatrième enfant, un bébé qu'elle a allaité brièvement, en raison de contraintes financières pour elle et ses enfants.

La révolution sexuelle (fin des années 1950 au début 1970) qui a précédé la pilule et l'acceptation de la maternité mono-parentale pour les femmes blanches des classes moyenne et moyenne supérieure, a créé une offre abondante de bébés «désirables» pour l'adoption. La diminution du nombre de renonciations depuis ce temps a entraîné une prolifération croissante de profiteurs de déstructuration de famille désespérée plus rusés avec de nouvelles stratégies commerciales axées sur les mères qui vacillent au bord des finances. Ces tactiques se répartissent en quatre catégories, décrites ci-dessous.

Enlèvement, mensonges et trafics

Globalement, le trafic d'enfants pour l'adoption est endémique. Partout où il y a des guerres, des malaises sociales ou politiques, ou la pauvreté généralisée, les conditions sont mures pour la corruption. Les enfants sont volés ou enlevés, ou leurs mères se font dire le mensonge selon lequel ils seront emmenés aux États-Unis ou autres pays industrialisés pour être éduqués, et qu'ils reviendront ou qu'ils aideront leurs familles à les rejoindre.

Manipulations linguistiques et promotion de mythes

À l'intérieur des États-Unis, des formes subtiles de coercition sont employées et appliquées par un langage de jugement. Le New York Times a récemment utilisé l'expression «hors du mariage» pour signaler la forte progression des nombres de ces naissances aux États-Unis et d'autres pays industrialisés pour les femmes dans leur vingtaine et trentaine, dont plusieurs cohabitent, certains sont divorcées, mais pas mariées. Bonnie Erbe, une édititrice contribuant à U.S. News & World Report et hôte d'un programme hebdomadaire d'analyses de nouvelles de PBS —répondant au rapport de Times sur les naissances «hors du mariage»— suggère que nous «ramenions la stigmatisation envers les mères célibataires.» Erbe déplore que «il n'y a désormais aucune stigmate à être parent célibataire mais il devrait en avoir.»

Erbe n'est pas le seul qui vise un retour au temps où l'état matrimonial de célibataire pour une femme était suffisant pour perdre un enfant en adoption. Le Conseil national pour l'adoption, une branche de lobbying pour les business d'adoption, a produit une publication intitulée «BirthMother, Good Mother» afin d'aider ses agences membres essentiellement religieuses, à promouvoir l'adoption comme étant une «rédemption» et un moyen de «faire amende honorable», comme si le sexe en dehors du mariage est toujours un «péché» qui ne peut être exonéré, en se débarrassant de la preuve de son indiscrétion. Les profiteurs pro-adoption font passer l'adoption comme un choix difficile, mais un choix d'amour tout en représentant ceux qui élèvent leurs propres enfants dans la difficulté d'égoïstes. «Choisir l'adoption, déclare Good Mother, permet aux mères de naissance de se voir elles-mêmes en des termes compatissants, nobles et héroïques, redressant le tort et corrigeant l'erreur de leurs grossesses non planifiées.»

Le langage et le noslangue [note hors traduction, en anglais, Newspeak signifie langage délibérément ambigu et contradictoire pour tromper ou manipuler le public] sont également utilisés par les praticiens et les business d'adoption afin de recruter les mères en décrivant l'adoption comme un «choix aimant et désintéressé» ou «un plan» quand ce n'est pas plus que le divorce ou la mort. «Les petites filles ne rêvent pas de grandir et de donner aux autres citoyens de leur bébé à élever.» L'admiration pour avoir donné son enfant est de courte durée, cependant, une dichotomie signalée par Jim Gritter: «Comme c'est curieux qu'à un moment ces critiques admirent la contemplation [de la mère] de l'adoption et la considère comme un signe de maturité, et le lendemain, ils la considèrent comme une source de préoccupation. L'acte proposé qui était un jour considéré comme un «choix d'amour» est appelé «décharge de responsabilité», le jour suivant.»

Contourner les lois qui interdisent l'achat d'un bébé

Même s'il est illégal d'acheter un bébé, de nombreux business d'adoption ont trouvé des façons d'offrir des incitations financières avant la naissance ou après la renonciation qui peuvent faire pression et contraindre les mères dans le besoin. Barbara Katz Rothman note que beaucoup de libéraux «ne comprennent pas les formes plus subtiles de coercition et de persuasion, que ce soit psychologiques ou économiques» et perçoivent souvent «les «choix» que les gens font à cause de leur pauvreté ou de leur besoin, les choix que les individus pourraient éprouver comme étant sous contrainte ... comme étant clairement choisis.»

Les agences d'adoption et autres organisations anti-avortement offrent une variété de programmes visant à recruter des femmes enceintes. La formation professionnelle, par exemple, est proposée par le Council for Life, qui prêche l'abstinence seulement, et quand cela échoue l'adoption.

Beaucoup de ces programmes viennent avec le programme de redistribuer les enfants des femmes «pas mariées» et «pas riches» en détournant les mères en devenir de leurs systèmes de soutien, en exploitant leurs faiblesses, tout en faisant semblant de se soucier et de les aider, et en rendant souvent cette aide conditionnelle à la restitution d'un enfant. AdoptionFirst recrute des femmes enceintes en leur offrant le «traitement Tapis Rouge» qui comprend: vol aller-retour de n'importe où aux États-Unis à la Californie; accueil à l'aéroport et transfert à votre «nouveau domicile»; des visites touristiques, le logement, les frais médicaux, juridiques, frais de shopping et autres dépenses, dépassant les limites de la loi qui permet les «frais médicaux et les frais de logement». AdoptionsFirst ne mentionne pas la possibilité qu'une mère décide d'élever son enfant, même s'il est estimé que 50 à 80 pour cent des femmes qui considèrent l'adoption pendant la grossesse gardent leurs enfants. Les mères qui ont accepté les offres d'avoir leurs frais payés, ont rapporté qu'on leur a informées que si elles décidaient de ne pas compléter leur «plan» d'adoption, qu'elles-mêmes ou leurs familles doivent les rembourser.

Certaines entreprises d'adoption remercient les femmes pour leurs bébés en leur offrant un soutien financier post-renonciation. La Fondation GoldenLink offrait des paiements en espèces aux mères qui ont cédé leurs enfants à un de leurs organismes affiliés. Maintenant, Lifetime Adoption Fondation offre des bourses d'études collégiales aux mères qui ont renoncé à un enfant.

Dans plusieurs adoptions indépendantes, les frais sont payés directement par les adoptants potentiels aux futures mères. Adam Pertman, directeur exécutif de Donald Adoption Institue, rapporte que les futurs adoptants reçoivent «des instructions en ligne sur la façon d'utiliser des incitations financières pour persuader des femmes enceintes ambivalentes à renoncer à leurs enfants.» Cela a incité Madelyn Freundlich, directrice du Département de la politique des droits des enfants, à questionner dans quelle mesure ces frais «créent un sentiment d'endettement qui pourrait affecter sa prise de décision? Est-ce qu'une mère de naissance «doit» ultimement aux futurs parents adoptifs de poursuivre une adoption, parce qu'une bonne partie de l'argent a été dépensée en son nom?»

Autres violations des droits des mères

C'est généralement l'avocat des parents adoptifs qui «représente» la mère qui renonce créant un conflit d'intérêt, ce qui a entraîné Susan à remarquer: «Il y a beaucoup de requins là-bas, les manipulant de toutes les manières qu'ils savent faire, et les lois ne les empêchent pas dans la plupart des États.»

Les mères vulnérables se voient refuser l'option de counseling, le temps de se lier après la naissance et de reconsidérer leurs pensées à propos de l'adoption, ainsi que le temps pour révoquer le consentement qui peut être pris des heures après la naissance. «Dans plusieurs États, vous pouvez changer d'avis sur l'achat d'un aspirateur ou le contrat d'un prêt hypothécaire dans un délai prescrit, mais la plupart des États n'ont pas de période de rétractation pendant laquelle une mère peut changer d'avis quant à l'abandon de son enfant», selon un rapport de l'Institut Donaldson. Le rapport a confirmé que «la plupart des États n'ont pas de lois qui maximisent la prise de décisions judicieuses ... comme le counselling nécessaire, les périodes d'attente d'au moins plusieurs jours après l'accouchement avant la signature de renonciations, et le temps de révocation adéquat pendant lequel les parents biologiques peuvent changer d'avis ».

Une épée à double tranchant

Aujourd'hui, la maternité est demandée et acceptable pour certaines femmes, indépendamment de leur statut matrimonial ou de l'orientation sexuelle, mais vilipendée lorsque c'est tentée par des femmes moins favorisées. Il s'agit d'une modification relativement récente, remarque Rickie Solinger —depuis l'administration Reagan— que les Américains ont commencé à penser qu'à moins qu'une femme ait suffisamment d'argent et de ressources, elle n'a pas le droit d'être une mère.

«Les femmes sont souvent injustement jugées indépendamment du choix qu'elles font au sujet d'une grossesse non désirée», remarque Thomas R. FAVREAU, exécutif du comté Nassau (New York). «Les femmes qui choisissent de placer un bébé en adoption ont leur instinct maternel remis en question et les femmes qui portent une grossesse non désirée à terme alors qu'elles sont célibataires ou financièrement précaires sont souvent étiquetées d'irresponsables. Dans notre culture... les femmes sont trop souvent et trop facilement jugées. Nos efforts ne devraient pas être de juger les femmes. Au contraire, notre objectif devrait être de soutenir les femmes.»

Babies for Sale de Elizabeth C. Hirschmancalls un «continuum sacré/profane» avec des règles non écrites quant à savoir qui mérite d'être une mère, sous quelles conditions la maternité est une bénédiction, et quand elle ne l'est pas. Dans la bataille pour les bébés, les mères sans ressources sont considérées comme des parents indignes qui devraient remettre leurs enfants à quelqu'un qui est «meilleur». Si vous avez suffisamment d'argent, même si vous êtes célibataire, il est socialement acceptable et même admirable de prendre l'enfant d'une mère mono-parentale, ici ou à l'étranger, grâce à l'adoption.

Pour atteindre cet objectif d'obtenir des enfants pour les femmes ayant les moyens, les futures mères sont jumelées à des adoptants potentiels avec lesquels elles s'enlisent et se sentent redevables. Les mères sont encouragées à penser à l'enfant qu'elles portent comme étant celui du potentiel couple adoptant, et non la leur, comme si elles étaient payées comme porteuses.

Les femmes mariées ou nanties sont encouragées à devenir mères par tous les moyens qu'elles peuvent se permettre, en payant souvent des dizaines de milliers de dollars pour un enfant, et sont perçues comme des altruistes. Les femmes nanties ont l'habitude d'embaucher les femmes de la classe inférieure comme gardiennes d'enfants, gouvernantes, et travailleuses de garderie, payant souvent le salaire minimum strict. Par conséquent, ça n'a pas été une grande transition pour acheter le travail reproducteur d'une autre personne, ovules ou pour laisser des femmes subir le stress émotionnel et physique de la grossesse et de l'accouchement pour leur propre bien. La maternité de substitution et certains aspects de l'adoption ont involontairement créé des chauvins féminins qui chosifient et exploitent d'autres mères qui sont contraintes à faire la chose «altruiste» et de laisser leur enfant à aller à un inconnu qui peut fournir plus «d'avantages» matériels.

Les militants cherchent à mettre fin à l'exploitation des ateliers clandestins et des travailleurs illégaux, protestent contre les mutilations génitales féminines ou aident les prostituées à quitter l'entreprise. Il y a de l'aide pour les femmes qui ont été agressées sexuellement, les survivantes de la violence domestique, et les femmes incarcérées. Il y a de la préoccupation, de l'indignation et de l'outrage pour les femmes exploitées par le patriarcat. Il est plus difficile, cependant, de faire face à la violation d'une femme aux mains d'une autre femme. L'adoption, la prise de l'enfant d'une mère, la laissant avec un chagrin à vie irrémédiable, ignorant ou justifiant l'exploitation des femmes pour le bénéfice d'une autre, nous rapproche de plus en plus du récit fictif Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, devenant une réalité. L'adoption oppose femme contre femme, riche contre pauvre, ce qui la rend difficile à examiner et à admettre que «l'adoption n'existe que sur le dos des femmes sans ressources», comme déclare Ricki Solinger.

Selon Joss Shawyer, «L'adoption est un acte violent, un acte politique d'agression envers une femme qui est censée avoir offensé les mœurs sexuelles en commettant l'acte impardonnable de ne pas supprimer sa sexualité, et donc de ne pas la conserver à des fins d'échanges par le biais du mariage traditionnel. Le crime est grave, car elle menace le tissu même de notre société. La peine est sévère. Elle est dépouillée de son enfant par une variété de manœuvres subtiles et moins subtiles et brutalement abandonnée. «Certaines mères qui ont été persuadées d'abandonner un enfant pour l'adoption l'ont décrit comme «avorter la mère». Ni l'état matrimonial, ni l'état financier ne devrait justifier une perte permanente subie par elle et son enfant.

Où le Robinhoodism Inverse prend-il fin? Faut-il enlever tous les enfants des femmes âgées de moins de 20 ans et les donner aux femmes plus matures? Prendre les enfants des mères célibataires et les placer avec les couples mariés? Faut-il ensuite les déplacer à nouveau si le mariage prend fin? Faut-il enlever les enfants des pauvres et les donner à ceux des classes moyenne et moyenne supérieure? Alors pourquoi ne pas prendre tous les enfants de la classe moyenne et les placer dans des familles fabuleusement riches? Quelles sont les priorités du liens du sang, du patrimoine, et de la parenté? Le droit d'élever ses propres enfants n'est-il pas un droit humain fondamental? Le féminisme progressiste existe pour créer l'égalité politique, sociale, sexuelle, intellectuelle et économique, et pour protéger les droits et intérêts des femmes contre la discrimination et l'exploitation. Les droits des mères naturelles- de tout âge ou état matrimonial - ne se situent-ils pas dans la terre des préoccupations féministes?

L'idéalisme dans un monde réaliste

Dans un monde idéal, la séparation de la famille serait un dernier recours et des parents en difficulté obtiendraient le soutien dont ils ont besoin pour garder leurs enfants. Il est possible d'arriver beaucoup plus près de cet idéal que celui où nous sommes maintenant, et d'autres pays sont déjà beaucoup plus avancés.

L'Australie a pratiquement éliminé la nécessité pour tout enfant d'être retiré de sa famille d'origine en donnant la priorité aux familles et en leur fournissant les ressources dont ils ont besoin pour demeurer intactes. Même le Guatemala, qui a déjà été un «point chaud» pour la corruption des adoptions a pratiquement éliminé l'adoption internationale en mettant en œuvre les directives de la Convention de La Haye sur l'adoption internationale et en mettant la priorité sur la préservation de la famille en premier, la garde par la famille élargie en second, placement en milieu familial mais au sein de la culture ensuite, et l'adoption internationale seulement en tant que dernier recours. Les frais élevés payés par les Occidentaux rendent impossibles à concurrencer pour ceux dans les pays les plus pauvres. Lorsque que la concurrence extérieure est éliminée, on trouves des foyers en cas de besoin à l'intérieur des frontières d'un enfant.

Au Mozambique, lorsque le financement s'est épuisé dans les établissements de l'adoption, 80 pour cent des enfants ont pu être réunis avec leurs familles. Quatre-vingt-huit pour cent des aidants qui ont bénéficié d'une assistance ont pu maintenir leurs familles jusqu'à ce que les enfants atteignent l'âge adulte, et c'était plus rentable que les soins institutionnels.

Il est difficile mais indispensable pour faire face aux dures vérités comme celles énoncées par EJ Graff articule dans «Le mensonge que nous aimons». Graff sépare les croyances communes de l'adoption telles que «sauver» les orphelins «indésirables» de la réalité qu'il y a très peu d'orphelins jeunes et en santé disponibles pour l'adoption dans le monde. Les orphelins sont rarement des bébés en bonne santé; les bébés en bonne santé sont rarement orphelins. «Ce n'est pas vrai qu'il y ait un grand nombre de nourrissons n'ayant pas de maisons qui, soit seront dans des institutions ou soit ont besoin d'adoption internationale», dit Alexandra Yuster, une conseillère principale sur la protection des enfants avec l'UNICEF.
L'UNICEF estime que 95 pour cent des orphelins dans le monde ont plus que 5 ans. D'autres estiment que 89 pour cent des enfants dans les orphelinats à travers le monde ne sont pas orphelins mais ont au moins un parent vivant, comme ce fut le cas avec l'adoption de Madonna et l'adoption tentée. La croyance que fournir plus ou de «meilleurs» avantages matériels emporte sur les liens de parenté est ethnocentrique et considérée comme «génocide culturel» par certains, et ajoute à la «laideur américaine» quand la fin ne justifie pas les moyens.

Les changements de politiques nécessaires pour protéger les droits des mères comprennent:
  • Donner la priorité à la préservation de la famille, en reconnaissant les droits des mères d'élever leurs propres enfants.
  • Financer la garde par la parenté comme une ressource secondaire avant le placement avec des étrangers.
  • Fournir des services de garde abordables et accessibles pour toutes les mères.
  • Fournir des soins abordables et accessibles de santé indépendants de son emploi.
  • Améliorer l'éducation sexuelle et l'accès à la contraception pour réduire les grossesses non désirées.
  • Inclure la prévention de l'infertilité dans le curriculum des écoles secondaires afin que les jeunes femmes comprennent les risques que des contaminants environnementaux, la procréation retardée, les MST, l'obésité et l'avortement ont sur leurs chances de devenir enceintes.
  • Assurer les avantages fiscaux et assurer que d'autres incitations à l'adoption soient utilisées pour le placement des enfants américains qui sont vraiment devenus orphelins ou qui n'ont pas de famille qui soit en mesure de fournir des soins sécuritaires pour eux, non pour trouver des bébés pour répondre à une demande.
  • Fournir les ressources nécessaires que les mères jeunes et les moins riches ont besoin pour maintenir leurs familles ensemble.
  • Assurer une option de counseling impartial et séparer le conseiller juridique pour les femmes enceintes ou les nouvelles mères qui considèrent céder un enfant en adoption.
  • Mettre fin au profit excessif dans l'adoption et appliquer la responsabilisation pour tous et les frais payés aux fournisseurs de services d'adoption afin de s'assurer qu'aucun des lignes éthiques soient franchies.
  • Appliquer l'ouverture, l'honnêteté et la transparence dans tous les placements d'enfants en éliminant les certificats de naissance falsifiés et assurer un accès égal à toutes les personnes séparées par l'adoption à leurs véritables certificats de naissance.
L'adoption fournit souvent aux enfants plus d'avantages matériels, mais à quel coût? Enlever les enfants de leur famille devrait toujours être un dernier recours, après que tous les efforts pour les garder en toute sécurité avec leurs familles aient été épuisés. Les droits des mères sont des droits des femmes et toutes les mères méritent de recevoir les ressources dont elles ont besoin, et non leur impuissance exploitée pour répondre à une demande.

21 oct. 2009

Enlèvements d'enfants en Chine - Oct 08

La politique de l'enfant unique en Chine et les adoptions internationales incitent des dizaines de milliers d'enlèvements chaque année.

Child abductions plague China - 05 Oct 08

Les enfants volés de l'Inde

101 East - India's sold children - 09 April 09 - Pt 1




Transcription sur le site ABC Net

101 East - India's sold children - 09 April 09 - Pt 2

20 oct. 2009

Cherche un enfant, paie cash - Le Lobby de l'adoption

En allemand, sous-titré en anglais. Ce documentaire montre de quelle façon le système de l'adoption internationale fonctionne et de quelle façon la pression politique est appliquée pour faciliter le business d'enfants.

Search a Child, Pay Cash - The Adoption Lobby - Part 1




Partie 2

Partie 3

Partie 4

Partie 5

Sujet relié

L'adoption internationale: Protection de l'enfance ou violation des droits?

14 oct. 2009

Lessivée par un courtier de bébé

Une femme d'Edina, Minnesota, victime des gens qui traitent les adoptions au Guatemala, a appris de dures vérités à propos de la commercialisation internationale des enfants.

Suann Hibbs a passé trois années et dépensé 60000$ sur ce qu'elle pensait être des frais d'adoption légitimes. Au lieu de cela, elle a découvert des mensonges, des registres de naissance altérés et des preuves qu'une famille guatémaltèque a été payée pour remettre trois enfants à un courtier de bébés sans scrupule.

L'adoption internationale est un monde où la cupidité, la fraude et la traite d'enfants se croisent souvent avec les bonnes intentions de ceux qui recherchent des orphelins à élever comme leurs propres enfants.

Les paiement liés à l'adoption et même des enlèvements ont fait leur apparition au Vietnam, au Cambodge, en Chine, en Inde et au Libéria au cours des dernières années. Certains pays ont temporairement arrêté les adoptions internationales pour nettoyer le processus.

Il est impossible de savoir combien d'enfants ont été victimes des opérateurs corrompus en Amérique ou à l'étranger.

Un couple de Mayer, au Minnesota, a adopté deux filles de l'Inde en 2006, mais a découvert plus tard qu'elles étaient plus âgées que ne l'indiquaient leurs certificats de naissance trafiqués. L'une s'avérait être âgée de 21 ans, et les deux ont été retournées en Inde...

Détails dans l'article Burned by a baby broker publié dans StarTribune

12 oct. 2009

Une coincidence aussi étonnante que merveilleuse

Au tout début de mon adoption, je ne cessais de penser à mes amies/compagnes de l'orphelinat que j'avais quittées. Comme je ne comprenais pas la signification de l'adoption, je pensais à elles comme si j'allais les revoir bientôt après avoir expérimenté la vie inimaginable qui m'était offerte aux États-Unis. Je m'imaginais de retour à l'orphelinat, racontant mon merveilleux séjour avec les miguk saram (Américains) dans le pays des contes de fée appelé miguk (États-Unis), et faisant des jalouses autour de moi; je planifiais de leur apporter des jouets qu'elles n'avaient jamais vues de leur vie.

Ce séjour merveilleux qui m'était offert, je m'en suis tannée après quelques semaines. Ne pas comprendre la langue n'a été qu'un élément déclencheur qui, pour prendre l'expression de ma mère qui aimait tant raconter à propos de ce temps, m'a fait "faire une crise". J'avais donc décidé de retourner en Corée, en ne prenant que ce qui m'appartenait (c'est-à-dire avec ce que j'avais apporté de la Corée). Il faisait noir, mais je suis sortie en pleurant et criant très fort. Au bout de la rue, j'ai réalisé que je ne savais pas comment retourner dans mon pays, le pays que j'aimais tellement et où il y avait ma famille et mes amies.

Même après ce soir-là, j'ai continué à penser à mes amies de l'orphelinat comme si j'allais les revoir bientôt.

Le jour, je parlais, je m'amusais, je riais,... tout pour faire le bonheur d'une nouvelle maman; mais en réalité, je ne faisais que survivre en faisant semblant. Je faisais semblant que tout ce que je voyais n'était qu'un merveilleux rêve, et je me réveillerais bientôt à l'orphelinat; je leur raconterais alors mon merveilleux rêve des États-Unis et toutes mes amies m'écouteraient en silence...

Le soir, je m'étendais sur le plancher de ma chambre, avec mes yeux remplis de larmes, priant ma défunte grand-mère de me ramener en Corée; je lui demandais de me pardonner d'avoir été méchante envers elle juste avant sa mort, je lui disais que j'avais été assez punie. Je me demandais sans cesse comment/pourquoi on n'avait pas réussi à retrouver la maison de ma soeur aînée. Au cours des années suivantes, je me suis trouvée de multiples fautes commises dans l'enfant qui expliqueraient les raisons d'une telle punition (abandon et adoption).

J'ai commencé à comprendre très graduellement la permanence de l'adoption et je ne sais plus exactement à quel moment, j'ai accepté mon sort.

J'ai toujours continué à penser à mes anciennes amies/compagnes de l'orpehelinat, espérant qu'elles étaient heureuses, et qu'elles n'avaient connu aucun problème de racisme dans leur vie adoptive. Éventuellement, j'ai commencé à imaginer que nous nous retrouvions pour parler de notre vie commune à l'orphelinat et de nos vies respectives dans nos familles adoptives.

En 1989 et 2001, j'ai demandé directement à soeur Yuk, du couvent de Saint-Paul, qui était alors religieuse de l'orpheliant Saint-Paul de me donner des nouvelles des autres filles qui avaient vécues avec moi. J'étais la seule à avoir gardé contact.

Il y a environ un an, j'ai réitéré ma demande par lettre. Pas de réponse (immédiate).

Puis arrive une lettre pour Pâques (elle m'écrit depuis 2001, à chaque fête religieuse).

Il y a deux noms: Nakmin Oddie et Dvnie (ou Dunie) Lecomte, avec leurs adresses respectives. La première est en Californie et la seconde à Paris.

Je n'ai oublié aucune des filles de mon groupe à l'orphelinat, je me rappelle même de certaines dans les deux groups des plus jeunes. Sur le dos des photos que je possède, j'avais écrit les noms des filles juste quand je commençais à oublier le Coréen.

Song Nakmin, c'est un nom que je reconnais, mais je ne peux l'associer à une fille en particulier. Elle se trouve peut-être sur une photo que mon amie m'a enlevée en échange de la sienne parce qu'elle voulait que nous gardions un souvenir l'une de l'autre; j'avais toujours regretté cette échange car plusieurs de mes amies se trouvaient sur la photo que je n'ai plus.

I Eun-hee, je la reconnais, elle se trouve sur deux de mes photos; mais nous n'étions pas proches du tout.

Je crie, je saute, je pleure de joie pendant une heure. Je n'en reviens pas de ma chance inouïe de pouvoir renouer avec des compagnes du passé, de la Corée.

Je tape les adresses de Nakmin et de Dunie sur l'internet; avec Google, je peux voir les rues où elles habitent. Je tape leurs noms, Nakmin Oddie se trouve sur l'internet, mais pas Dunie Lecomte.

Pendant une semaine, je pense à ce que je leur écrirais. La peur m'empêche d'écrire.

Et si elles ne se souviennent pas de moi? et si elles ne veulent pas entendre parler du passé (appartenant à la Corée)? Si elles ne veulent rien savoir des Asiatiques, comme cela a été le cas pour moi par moment?...

Des semaines et des mois passent. Je continue de temps en temps à penser à leur écrire.

Les deux dernières semaines, je me parle à moi-même: "tu dois leur écrire absolument."

Si elles rejettent tout de la Corée? Si elles me rejettent?... Seigneur, donne-moi une bonne raison d'écrire


Hier, m'est parvenu un email de K@W avec un article paru dans JoongAngDaily qui a été affiché la veille.


The film is based on the true story of Korean-French director Ounie
Lecomte, who was born in Seoul, Korea, in 1966 and was adopted by a
French family when she was 9...


Je l'ai revu à plusieurs reprises avec incrédulité. Je me dis: c'était donc Ounie, et non Dunie.


J'ai finalement écrit la lettre qui n'a besoin que d'un timbre pour pouvoir être postée. Ounie est sûrement en Corée en ce moment, mais je la lui enverrais aussitôt que je le pourrais cette semaine.


J'ai écrit à propos du film d'Ounie Lecomte aujourd'hui (ou plutôt hier puisqu'il est presque 4hoo du matin).


Quant à Nakmin Oddie, je vais lui envoyer un email demain. Lorsque j'ai partagé à propos de cette étonnante et merveilleuse coïncidence, un membre de K@W qui connaissait Nakmin dans une association locale pour les adoptés coréens, m'a envoyé son adresse email.

11 oct. 2009

Une vie toute neuve



Synopsys

Séoul, 1975. Jin-hee a 9 ans. Son père la place dans un orphelinat tenu par des Soeurs catholiques. Commence alors l'épreuve de la séparation et la longue attente d'une nouvelle famille. Au fil des saisons, les départs des enfants adoptées laissent entrevoir une part du rêve, mais brisent aussi les amitiés à peine nées. Jin-hee résiste, car elle sait que la promesse d'une vie toute neuve la séparera à jamais de ceux qu'elle aime.

Réalisatrice

Ounie Lecompte, née en Corée du Sud en 1966, et adoptée à l'âge de 9 ans par une famille française protestante dont le père est pasteur. Diplômée de stylisme, elle travaille sur différents films : comme comédienne avec Olivier Assayas (Paris s’éveille) ou costumière, notamment avec Sophie Fillières. En 1991, elle retourne en Corée pour jouer le rôle d'une fille abandonnée venant chercher ses racines. Le film en question, Seoul Metropolis, de Seo Myung-Soo, ne voit pas le jour, mais il lui permet de renouer avec son pays d'origine. En 2006, elle intègre l’Atelier Scénario de la Fémis où elle débute l’écriture de Une vie toute neuve.

Une orpheline lutte pour surmonter l'abandon

Le matin de Jin-hee débute sur un vélo, les bras enroulés autour de la taille de son père alors qu'il parcourt les rues. Elle apprécie la randonnée et la chaleur de son dos, comme elle s'appuie sur lui.

C'est un grand jour. Son père lui a acheté de nouveaux vêtements, qu'elle porte maintenant. Il lui a également acheté un grand gâteau, bien que ce ne soit pas son anniversaire. Elle est si heureuse que, pendant le déjeuner dans un restaurant, elle chante une petite chanson pour son père.

La journée, cependant, prend un virage brusque. Son père la dépose dans un orphelinat, où elle est laissée avec une douzaine d'enfants qu'elle n'a jamais rencontrés. C'est le début d'une vie tout neuve pour elle, celle qu'elle tente désespérément d'échapper jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il n'y a nulle part où aller pour elle et que son père ne reviendra pas.

Elle apprend rapidement que la vie à l'orphelinat est pleine de séparation et de tristesse, que les autres enfants sont adoptées et quittent sa vie, une par une. Sa meilleure amie Sook-hee (Park Do-yeon) se retrouvent dans les bras d'une famille américaine et est emmenée vers une terre où elle peut apparemment manger des gâteaux tous les jours. Bien que Jin-hee abandonne éventuellement l'idée de rentrer chez elle, elle ne peut débarrasser du souvenir de cette balade en vélo et la chaleur du dos de son père.

Le film français-coréen, Une vie toute neuve, qui sera projeté au PIFF dans la catégorie cinéma du monde, raconte une histoire déchirante à propos du combat pour surmonter la douleur de la séparation et l'acceptation du sort. Le film illustre à merveille le processus par lequel Jin-hee (Kim Sae-ron) traverse alors qu'elle se rend compte peu à peu de son sort et apprend alors à embrasser la vie en tant qu'adoptée. Chaque moment est lacrymogènes saccadés, mais en même temps, il vous donne l'espoir que l'on peut trouver une voie nouvelle.

Le film est basé sur la vraie histoire de la réalisatrice coréenne-française Ounie Lecomte, qui est née à Séoul, en Corée, en 1966 et a été adopté par une famille française, quand elle avait 9 ans. Elle a passé une année à l'orphelinat Saint-Paul, dirigée par des religieuses catholiques, à Séoul. C'est la première production conjointe française-coréenne et est le premier film de Lecomte. Il a été co-produit par le célèbre réalisateur Lee Chang-dong et a été filmé près de Séoul. Il a été présenté pour la première fois au Festival International du Film à Cannes en mai.

Lecomte a déclaré dans une interview au festival de Cannes qu'elle a tenté de dépeindre les émotions d'une petite fille face à des circonstances extraordinaires - l'abandon et adoption - plutôt que de simplement répliquer son enfance. «L'année à l'orphelinat est le temps et le lieu d'un intervalle entre deux vies: une vie dans laquelle elle n'avait pas à apprendre à lâcher prise, puis une vie où elle apprendra à désirer», dit Lecomte.

Le film sera projeté à 19h30 le 9 octobre et à 11 heures, le 11 octobre au Lotte Cinema au complexe City Centum à Busan. Il sera également publié à l'échelle nationale le 29 octobre.

Une vie toute neuve

Du site JoonAngDaily, 9 octobre 2009.

Mis à jour fait le 29 octobre 2009:

Le film Une vie toute neuve de la réalisatrice coréenne-française Ounie Lecomte a été honoré à Tokyo Film Fest qui s'est terminé le 22 oct. Le film le prix du jury au festival du Cinekid à Amsterdam qui s'est acheté la semaine dernière.

Sources: Chosun Ilbo et KBS World

Mis à jour:, ajouté le 11 janvier 2010.

Ounie Lecomte : à Corée à cri (libération.fr, 6 janvier 2010)

Nous sommes à Séoul en 1975. Jinhee, 9 ans, est laissée par son père dans un orphelinat de filles tenu par des bonnes sœurs. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, refuse de manger, se cache dans la cour, veut partir. Mais pour aller où ? A un moment donné, une des responsables, exaspérée par son mauvais comportement, lui ouvre le portail et lui dit qu’elle est libre. Evidemment, Jinhee reste dans cet endroit qu’elle déteste, loin des siens, de ceux qu’elle aimait et en qui elle avait toute confiance, que pourrait-elle faire d’autre ?

Une vie toute neuve nous met en contact avec les sensations subtiles de l’enfance désemparée et avec la peur universelle de l’abandon. Ounie Lecomte, qui réalise ici son premier long métrage, puise dans son propre parcours, même si le film ne raconte pas véritablement son histoire, qu’elle a écrit et réécrit plusieurs versions du scénario pour parvenir au cœur vivant d’une émotion qui était comme bloquée dans un passé indicible.

Ounie Lecomte a 8 ans, en effet, quand sa grand-mère et un oncle prennent le bus avec elle vers une destination inconnue : «Je me souviens d’une certaine excitation, il allait se passer quelque chose d’extraordinaire. Je faisais mille caprices en chemin pour manger des gâteaux. Je ne me souviens pas du moment où on m’a laissée à l’orphelinat, tout s’est effacé. Plus tard, j’ai ressenti un sentiment de révolte : ils avaient cédé à tous mes caprices parce qu’ils savaient ce qui m’attendait, comme on obéit aux dernières volontés d’un prisonnier avant l’échafaud.»

Elle n’est pas orpheline quand on l’abandonne, ses parents se sont simplement séparés, «le divorce avait et a encore aujourd’hui en Corée une image très négative, avec une forte stigmatisation sociale». Pour repartir du bon pied, il fallait aux adultes se défaire des fruits de leur première union. Il faut dire qu’au lendemain de la guerre de Corée (1950-1953), le gouvernement sud-coréen a encouragé sinon l’abandon, du moins l’adoption d’enfants par des couples étrangers, principalement occidentaux. Une industrie de l’adoption s’est ainsi mise en place avec le service de placement des enfants sous la tutelle du ministère de la Santé et des Affaires sociales, et avec le soutien logistique d’organisations religieuses ou philanthropiques. Comme l’explique Ounie Lecomte, ce croisement entre la honte de l’abandon et la publicité de l’adoption produisait un sentiment de culpabilité insoutenable : «On était laissé dans un non-dit complet, une absence féroce d’information. D’un autre côté, vous ne pouviez vous plaindre, on vous offrait la chance d’un avenir meilleur en Occident. Pour l’enfant que j’étais, et pour mes camarades sans aucun doute, il y avait une culpabilité absolue à se sentir malheureux, on ne trouvait plus aucune justification à notre douleur, elle n’avait plus de raison d’être et ne devait donc tout simplement pas s’exprimer.» Plus de 160 000 enfants ont été envoyés ainsi à l’étranger entre 1953 et 2006 ; pendant plus de trente années, jusqu’au milieu des années 90, la Corée du Sud a été le pays au monde dont étaient originaires le plus grand nombre d’enfants adoptés légalement par des couples étrangers.

Ounie Lecomte arrive en France vers l’âge de 10 ans, elle est adoptée par un pasteur protestant et sa famille s’occupant du temple de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) : «A l’arrivée en France, j’ai dormi deux jours d’affilée, une sorte de coma total, une petite mort. Quand je me suis réveillé, j’étais à nouveau plongée dans l’inconnu. Comme nous étions au mois de juin, mes parents, pour m’acclimater, m’ont mis à l’école maternelle. J’étais au milieu d’enfants de 3 ans, ne comprenant rien à ce qui se disait autour de moi, à peine si on n’allait pas me mettre sur le pot (rires). C’était ridicule.»

parkas.Une vie toute neuve s’arrête précisément à l’aéroport, au moment du départ pour la France. Le tournage du film n’a pas été simple, notamment parce que la jeune femme a perdu l’usage de la langue coréenne. Elle a essayé de la récupérer, mais n’y parvient pas. Il a fallu tout le temps communiquer dans un anglais «approximatif». Quinze jours avant le tournage, elle n’a toujours pas trouvé la fille qui doit tenir le rôle principal : «J’avais toujours l’impression de repousser le moment du choix jusqu’à ce que ça s’impose à moi. J’ai vu Kim Saeron, en regardant sur écran vidéo des essais tournés par le premier assistant-réalisateur. Elle avait un visage opaque qui me plaisait, elle ne se livrait pas totalement, et on pouvait projeter beaucoup de chose.» Les enfants n’avaient pas lu le scénario, ils découvraient le film au gré du plan de travail, il fallait souvent simplifier, parfois tricher, «on communiquait par des choses physiques, concrètes, mécaniques, jamais par la psychologie. Mes propres handicaps et la maîtrise relative des enfants sur leur rôle étaient plutôt très propices à restituer ce parcours d’une enfant qui vit comme avec des ornières, qui ne sait plus qui elle est, ni ce qu’elle va devenir».

En se choisissant l’inconfort d’un tournage en langue étrangère dans un pays lointain, Ounie Lecomte recrée en un sens les conditions de son trauma fondamental, quand le destin l’a submergée et emportée loin de chez elle : «L’histoire m’a entraînée avec son énergie propre sans que je me pose véritablement laquestion du pourquoi. Le tournage a été une mise à l’épreuve parce que tout va vite. J’avais l’impression, en arrivant le matin sur le plateau, d’être un soldat qui monte au front et doit combattre sans souffler toute la journée. J’étais vidée, épuisée et en même temps, il y avait aussi quelque chose de désagréable dans ce que nous imposions aux fillettes. C’était l’hiver, et si l’équipe pouvait porter deux parkas, elles devaient rester en pull dans le froid.»

Le film porte aussi la marque du producteur coréen (et surtout cinéaste) Lee Chang-dong (Oasis, Secret Sunshine…), avec qui Ounie Lecomte a longuement correspondu par mail afin de déployer dans toutes ses puissances d’incarnation un scénario qu’il jugeait dans un premier temps trop timide. Ainsi le film n’est-il pas impressionniste, il fait surgir des événements qui vous sautent à la gorge, comme ce moment où Jinhee arrache les membres des poupées distribuées à Noël ou quand elle creuse un trou dans le sol pour essayer de s’y enterrer vivante. La facture du film est classique mais au meilleur sens du terme : précis et explicite, plus grave que véritablement triste. Même si à la fin de la projection, il fallait évacuer certains spectateurs pris de transe de sanglots.

«baiser». «Jamais je ne me suis spécialement intéressée au cinéma, dit aujourd’hui Ounie Lecomte, c’est venu un peu par hasard. A la télé, j’ai rarement vu des films mais ils m’ont marqué. Ça s’est toujours fait par interdiction. Par exemple, un jour, j’ai vu vingt minutes de Pas de printemps pour Marnie de Hitchcock sans savoir ce que c’était. Au moment du premier baiser entre Sean Connery et Tippi Hedren, mes parents se sont affolés et m’ont précipitamment envoyée au lit. Ce bout de film m’a hanté pendant des années. Je n’en connaissais pas le titre, et je ne l’ai vu en entier que beaucoup plus tard.» Lors d’un séjour en 1991 à Séoul, où elle attend pour jouer dans un film qui finalement ne se fera pas (elle avait été remarquée dans Paris s’éveille d’Olivier Assayas), ses parents biologiques la retrouve : «Ce fut quelque chose de très violent, et je n’ai pas du tout répondu à ces retrouvailles. Je me suis échappée. Je suis retournée en Corée plusieurs fois pour y renouer des liens moins passionnés et moins névrosés aussi, sans doute.»

Il y a quelque de chose de très beau dans le film, du fait même qu’il traduit ce qu’aucune langue ne pouvait dire. Ounie Lecomte a perdu l’usage du coréen, mais si elle a voulu passionnément apprendre le français dès son arrivée, elle continue d’entretenir avec cette langue d’adoption (et avec sa littérature) un rapport de fascination et de terreur : «J’ai toujours l’impression que cette langue m’échappe. Quand j’écrivais le scénario, je pouvais me reprendre des dizaines de fois en vérifiant chaque mot dans le dictionnaire de peur de me tromper, comme si je n’étais pas sûr du sens des signes que j’utilisais.» Sentiment d’(in)appartenance inquiète, effacement et reconstruction du souvenir en forme de légende personnelle, voilà qui de surcroît apporte une eau salubre au moulin déglingué du débat sur l’identité nationale, postulant que nous vivons tout peu ou prou dans l’exil d’une mémoire mutilée.

10 oct. 2009

En Corée du Sud, un effort pour défendre les mères célibataires

De New York Times, 7 octobre 2009.

Un groupe résiste à la stigmatisation coréenne des mères célibataires



Sur la photo, Mok Kyong-wha, avec son fils, dit qu'elle a rompu avec son petit ami alors qu'elle était enceinte et a refusé quand il lui a demandé de subir un avortement

Il y a quatre ans, quand elle a constaté qu'elle était enceinte de son ancien petit ami, Choi Hyong-sook considérait l'avortement. Mais après avoir vu le petit spot du battement de cœur de son bébé sur les images de l'échographie, elle ne pouvait pas aller jusqu'au bout.

Comme son état de grossesse avançait, elle s'est confiée à son frère aîné. Sa réaction semblerait familière aux mères célibataires en Corée du Sud. Elle dit qu'il a essayé de l'emmener de force à une clinique d'avortement. Plus tard, dit-elle, il lui faisait pression pour qu'elle donne l'enfant en adoption.

«Mon frère a dit:«Comment peux-tu être aussi égoïste? Tu ne peux pas faire ça à nos parents», dit Mme Choi, 37 ans, une coiffeuse à Séoul. «Mais quand l'agence d'adoption a emmené mon bébé, je me sentais comme si je l'avais jeté dans la poubelle. C'était comme si la terre avait cessé de tourner. Je les ai convaincus de me laisser récupérer mon bébé au bout de cinq jours.»

Maintenant, Mme Choi et d'autres femmes dans sa situation, tentent de mettre en place la première association de mères célibataires du pays pour défendre leur droit d'élever leurs propres enfants. C'est un petit pas, mais une première étape inhabituelle dans une société qui ostracise les mères célibataires à un tel point que les Coréens décrivent souvent les choses comme scandaleux en les comparant à «une femme célibataire qui cherche une excuse pour accoucher.»

Le groupe naissant des femmes - seulement 40 sont impliquées à ce jour - est en train de s'attaquer à l'une des grandes ironies de la Corée du Sud. Le gouvernement et les commentateurs s'inquiètent au sujet du taux de natalité du pays, l'un des plus bas du monde, et déplorent la réputation internationale de la Corée du Sud de pays exportateur de bébés pour les adoptions à l'étranger.

Pourtant, chaque année, les pressions sociales poussent des milliers de femmes célibataires à choisir entre l'avortement, qui est illégale mais omniprésente, et l'adoption, qui est considérée comme socialement honteuse, mais est encouragée par le gouvernement. Les quelques femmes qui décident d'élever un enfant seule risque une vie de pauvreté et la honte.

Près de 90 pour cent des 1250 enfants sud-coréens adoptés à l'étranger l'année dernière, la plupart d'entre eux par des couples américains, sont nés de femmes non mariées, selon le ministère de la Santé, des Affaires sociales et familiales.

Dans leur campagne, Mme Choi et les autres femmes ont attiré des alliés inhabituels. Les adoptés d'origine coréenne et leurs familles de l'étranger ont commencé à revenir dans les récentes années pour parler pour les femmes, qui sont confrontées aux mêmes difficultés en Corée du Sud d'aujourd'hui que les mères biologiques des adoptés l'ont été il y a des décennies.

Un tel sympathisant, Richard Boas, un ophtalmologue de Connecticut qui a adopté une fille coréenne en 1988, a déclaré qu'il aidait les autres Américains à adopter des enfants étrangers, quand il visitait un organisme de services sociaux en Corée du Sud en 2006 et a commencé à repenser «sa mentalité de sauveur et sauvetage». Là, il a rencontré une salle remplie de femmes enceintes non mariées et âgées d'environ 20 ans.

« J'ai regardé autour et me suis demandé pourquoi ces mères abandonnaient toutes leurs enfants», a dit Dr. Boas . Il a commencé Korean Unwed Mothers Support Network, qui prône une meilleure protection sociale de l'État

«Ce que nous voyons en Corée du Sud aujourd'hui, c'est la discrimination envers les mères naturelles et la privilégisation de l'adoption au niveau du gouvernement», a déclaré Jane Jeong Trenka, 37 ans, une adoptée d'origine coréenne qui a grandi dans le Minnesota et dirige maintenant Truth and Reconciliation for the Adoption Community of Korea, un des deux groupes organisés par des adoptés coréens qui sont rentrés dans leur patrie pour défendre les droits des adoptés et des mères célibataires. «La culture n'est pas une excuse pour violer les droits humains.»

En 2007, 7774 bébés sont nés hors mariage en Corée du Sud, 1,6 pour cent de toutes les naissances. (Aux États-Unis, près de 40 pour cent des bébés nés en 2007 avaient des mères célibataires, selon le Centre national de la statistique de la santé.) Près de 96 pour cent des femmes enceintes non mariées en Corée du Sud choisissent l'avortement, selon le ministère de la Santé, des Affaires sociales et familiales.

Des femmes non mariées qui donnent naissance, environ 70 pour cent abandonneraient leurs enfants pour l'adoption, selon une enquête financée par le gouvernement. Aux États-Unis, le chiffre est de 1 pour cent, selon le rapport de Health and Human Services Departement.

Pendant des années, le gouvernement sud-coréen a travaillé pour réduire les adoptions étrangères, qui ont culminé à 8837 en 1985. Pour augmenter les adoptions domestiques, il accorde des subventions et des avantages de santé supplémentaires pour les familles qui adoptent, et a désigné le 11 mai, Journée d'adoption.

Il consacre également des milliards de dollars par année pour tenter d'inverser la baisse de natalité, en subventionnant des traitements de fertilité pour les couples mariés, par exemple.

«Mais nous ne voyons pas de campagne pour les mères célibataires pour élever nos propres enfants», a déclaré Lee Mee-Kyong, a une mère célibataire de 33 ans. «Une fois que vous devenez une mère célibataire, vous êtes marquée comme étant immorale et un échec. Les gens vous traitent comme si vous aviez commis un crime. Vous tombez au bas de l'échelle de la société.»

Le gouvernement verse une allocation mensuelle de 85$ par enfant pour ceux qui adoptent des enfants. Il offre la moitié de cela aux mères mono-parentales ayant des enfants à charge.

Le gouvernement tente d'augmenter les paiements pour aider les mères célibataires et d'ajouter plus d'infrastructures pour fournir des soins aux femmes célibataires enceintes, a dit Su-hyun Baek, fonctionnaire au ministère de la Santé. Mais la stigmatisation sociale décourage les femmes à se manifester.

Chang Ji-Young, 27 ans, qui a donné naissance à un garçon le mois dernier, a déclaré: «La sœur de mon ex-petit ami a crié en me demandant par téléphone que je subisse un avortement. Sa mère et sa sœur ont dit que c'était à elles de décider quoi faire de mon bébé parce qu'il était la semence de leur famille.»

Les familles dont les filles non mariées deviennent enceintes déménagent parfois pour cacher la grossesse. Les mères célibataires mentent souvent à propos de leur état matrimonial, de peur d'être expulsées par les propriétaires et leurs enfants ostracisés à l'école. Environ seulement un quart des Sud-Coréens sont prêts à avoir une relation proche avec une mère célibataire comme collègue ou voisin, selon un récent sondage financé par le gouvernement de Korean Women’s Development Institute.

«J'ai été refusée à huit reprises dans les demandes d'emplois», a dit Mme Lee. «Chaque fois qu'une compagnie a appris que j'étais une mère célibataire, elle m'a accusée de malhonnêteté.»

Mme Choi, la coiffeuse, a dit que sa famille a changé son numéro de téléphone pour éviter tout contact avec elle. Quand son père a été hospitalisée et qu'elle est allée le voir avec son bébé, sa sœur les a empêchés d'entrer dans sa chambre. Quand elle lui a écrit, dit-elle, son père a brûlé les lettres. L'an dernier, environ trois ans après la naissance, il a finalement accepté Mme Choi de nouveau dans sa maison.

«Ce jour-là, je l'ai vu dans la salle de bain, en train de pleurer sur une de mes lettres», dit-elle. «J'ai réalisé combien cela a dû être difficile pour lui aussi.»

Article sur le même sujet

SEOUL JOURNAL; Babies for Export: And Now the Painful Questions par New York Times publié en 1988. Remarquez que la différence aujourd'hui, contrairement il y a 20 ans, est qu'il y a une masse importante d'adoptés qui vivent en Corée, travaillant activement pour que le gouvernement agisse.